Au coeur de l'histoire by Ferrand Franck

Auteur:Ferrand, Franck [Ferrand, Franck]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Flammarion
Publié: 2010-12-31T23:00:00+00:00

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« Celui qui vaincra la rage donnera le sentiment d’avoir vaincu la Maladie », affirme Pasteur. À cette époque, du reste, le vétérinaire Pierre Victor Galtier a déjà largement ouvert la voie, en multipliant les travaux – travaux dont Pasteur saura s’inspirer. Le savant, âgé de soixante ans, se lance dans ce qui sera, il le pressent, le couronnement de sa carrière : la mise au point du vaccin contre la rage ! Il a eu l’idée géniale d’intégrer à sa mixture un germe qui soit à la fois assez virulent pour limiter la période d’incubation, et assez peu offensif pour que le patient ait le temps de développer contre lui des défenses, sans tomber malade. Un vrai tour de force. L’une des difficultés consiste à fixer le satané germe sur un support valable, avant d’en réduire la nocivité à des fins d’inoculation. Pasteur doute, naturellement ; il multiplie les essais, puis jette son dévolu sur la moelle épinière de lapins contaminés, qu’il expose à un air sec pour obtenir une forme atténuée du virus. Afin d’en étudier les effets, il implante cette moelle, à différents stades de dessèchement, sur des chiens atteints de rage, et connaît la joie indicible de les voir guérir ! Reste à franchir le grand pas entre l’application à l’animal et celle à l’homme – avec les risques terribles que cela comporte…

Pour ses premiers essais sur l’homme, en mai 1885, Pasteur choisit discrètement des malades déjà très atteints, des cas désespérés en quelque sorte. Mais leur état trop avancé rend le vaccin inopérant sur eux… Les diverses expériences se révèlent décourageantes ; or elles sèment le doute dans l’équipe – et jusque dans l’esprit du savant…

Avant que le destin ne vienne frapper à la porte de M. Pasteur : au petit matin du 6 juillet 1885, Mme Meister, une Alsacienne, se présente avec son fils, Joseph, âgé de neuf ans seulement et mordu depuis peu par un chien enragé. Pasteur, cette fois, se retrouve seul face à sa conscience : doit-il vacciner Joseph Meister ? Le chimiste est sûr de son fait, certes ; mais il s’agit tout de même de faire entrer dans le corps d’un enfant – encore sain, du moins en apparence – le germe d’une maladie terrifiante ! Ce genre de décision ne se prend pas à la légère.

La première inoculation est néanmoins effectuée, le 7 juillet à neuf heures du matin, par un médecin de l’équipe avec de la moelle de lapin contaminée vieille de treize jours. Pour ce faire, le docteur Grancher utilise une seringue de Pravaz, et pratique la petite incision au flanc droit de l’enfant. Une nouvelle piqûre devra désormais intervenir tous les jours, la substance injectée étant chaque fois plus virulente – moelle de douze jours, de onze jours, de dix jours, etc. L’équipe est évidemment nerveuse, elle guette la moindre réaction de ce tout jeune patient qui, entre deux séances douloureuses d’injection, paraît se porter à merveille. Le hasard a voulu que Joseph soit un de ces enfants charmants, attachants, pleins de vie, de jovialité.

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